Propos liminaires

Conseil de Métropole du 24 janvier 2022
Intervention prononcée par Mathieu Azcué pour le groupe Métropole en commun

Merci Monsieur le président, collègues,

Le groupe Métropole en commun souhaite aux habitants et habitantes de notre métropole nos meilleurs vœux de bonheur et de réussite dans tous leurs projets. Nos meilleurs vœux également à l’ensemble des professionnels de la métropole, nos remerciements pour leurs actions quotidiennes au service des toutes et tous et pour le bien commun.

Voilà bientôt deux ans que nos vies ont radicalement été transformées. Notre groupe a rappelé à plusieurs reprises les conséquences de l’épidémie sur l’hôpital, la culture, la vie économique et sociale et nous souhaitions, à l’aune de ces deux premières années d’épidémie, souligner les permanences  et les dynamiques sociales qui ont traversées cette crise.

En premier lieu, on peut souligner que la crise Covid est d’abord un phénomène social total. Au-delà de la crise sanitaire, la pandémie s’est inscrite dans une combinaison de crise ayant chacune leur temporalité propre : une crise économique dû aux confinements, une crise de l’expertise avec la mise en scène publique de controverses dans l’espace médical, une crise de la représentation politique quand la porte-parole du gouvernement expliquait que les masques chirurgicaux ne servaient à rien pour lutter contre un virus pulmonaire, une crise environnementale, le virus étant probablement une zoonose issue des activités humaines en particulier la déforestation.

En second lieu, si le virus touche tout le monde, il est très clair qu’il touche plus durement certain que d’autres au point que le rédacteur en chef du Lancet, Richard Horton, parle de syndémie, c’est-à-dire une pathologie dont la dangerosité et la nocivité sont le fait des interactions avec d’autres pathologies préexistantes, les maladies chroniques. Nous voici donc face à un virus accélérateur des inégalités sociales.

C’est ici qu’il faut convoquer Rousseau, Rousseau qui a durablement limité les possibilités philosophiques de penser les inégalités qu’il nomme naturelles tout en nous libérant des inégalités politiques, il nous dit ceci :

« Je conçois dans l’espèce humaine deux sortes d’inégalité ; l’une que j’appelle naturelle ou physique, parce qu’elle est établie par la nature, l’autre que l’on peut appeler morale ou politique, parce qu’elle dépend d’une sorte de convention et qui consiste dans les différents privilèges dont quelques-uns jouissent au préjudice des autres comme le fait d’être plus riches »

La première des inégalités concerne les rapports entre les femmes et les hommes. La représentation de sens commun selon laquelle les différences entre les femmes et les hommes relèvent du biologique se subsument dans la complémentarité des rôles que la société leur donne en regard de leurs natures respectives. Il s’agit d’une structure élémentaire de l’inégalité, la première qui s’inscrit dans les corps, la plus efficacement légitimée aussi car donnée comme la plus naturelle. En bref, pendant plus d’un siècle et demi, en France, les relations de genre ont été écartées de l’analyse des inégalités de santé. Ce qui explique, encore aujourd’hui, qu’une femme meure tous les 3 jours sous les coups de son compagnon, avec une augmentation de 10% en 2020  ; ou encore que 4% des femmes déclarent avoir subi un viol dans leur vie. Au plus fort de la crise en 2020, on observe une hausse de 11% des dépôts de plainte pour viol, 3 viols par heure dans le pays. Quant aux agressions sexuelles, elles ont crues de 20% entre 2018 et 2020.

En matière d’inégalité sociales, le Covid s’inscrit de fait dans les inégalités de santé déjà observées. Dans ma circonscription du 8e arrondissement de Lyon avec plusieurs quartiers politiques de la ville, les affections de longue durée concerne 20% de la population contre une moyenne à 10% sur la ville de Lyon. Les mêmes habitants sont également plus facilement exposés aux risques de contamination. Les premières enquêtes qualitative en France nous montre enfin le caractère racisé de l’épidémie. D’ores et déjà, les statistiques nord-américaines et britanniques nous montrent une surreprésentation ethno raciale dans les victimes du Covid.

Face à ces enjeux, le groupe Métropole en commun fait 3 propositions. La première est de repenser la santé communautaire à l’échelle de nos territoires en concertation avec l’ARS. La seconde est l’inscription, d’une part, des associations d’usagers en santé, et d’autre part, des publics qui pourraient bénéficier de mesures de santé communautaires dans le dispositif. En toute hypothèse, il faudrait former les usagers aux grands enjeux des sujets qui sont mis à discussion. Enfin, intégrer les questions de santé environnementale tant la crise écologique est une source majeure de désordre en santé.

Réinventer la santé en commun pour lutter contre les inégalités inscrites dans les corps, c’est repenser la santé communautaire, dans un contexte démocratique renouvelé, qui intègre le défi climatique. Nous vous demandons, M.le Président, un grand plan de lutte contre les inégalités sociales de santé. Plus largement, les interventions du groupe lors de ce conseil s’inscriront dans cet esprit de solidarité, de partage, d’égalité et de démocratie continue. 

Je vous remercie.

Groupe Métropole en commun

20 rue du lac

69003 Lyon


contact@metropoleencommun.fr

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