La presqu’île ne doit pas être un centre-ville standardisé mais un lieu appropriable par tou-te-s

Conseil de Métropole du 14 et 15 mars

Délibération N° 2022-1054 :

Lyon 2ème – Lyon 1er – Apaisement Presqu’île – Ouverture de la concertation – Individualisation complémentaire d’autorisation de programme pour études et expérimentations – Délégation Urbanisme et mobilités – Direction Maîtrise d’ouvrage urbaine

Intervention prononcée par Laurence Boffet pour le groupe Métropole en commun

Monsieur le Président, cher.e.s collègues,

Venue par choix à Lyon et Villeurbanne pour mes études, je suis devenue habitante de la presqu’île par le hasard des colocations étudiantes. J’aurais pu ou du repartir mais j’y suis revenue bien vite, et cela fait maintenant bientôt 30 ans que je suis locataire, dans différents lieux autour de l’Opéra ou du bas des pentes de la croix-rousse.

Si je n’ai pas vécu les évolutions majeures de la presqu’île à l’occasion de la création du métro D, je l’ai vu évoluer ces dernières années à l’aune du grand jeu de casino foncier dont les profits déjà encaissés et repartis ailleurs se mesurent à l’aune du départ des familles et des commerces locaux. Il n’y a plus tellement d’habitant.es entre la place de la République et l’Hôtel de Ville par exemple. Je me demande si l’appartement que j’occupais alors vers l’Opéra n’est pas devenu un « AirBnb ».

Les ventes à la découpe, les ventes du patrimoine des HCL, la fermeture de la pizzeria Carlino ou de la pâtisserie Debeaux, ou encore dernièrement du palais de la chaussure ou de l’école Lévi Strauss sont les révélateurs d’une dérive qu’il faut stopper. La multiplication des magasins d’enseigne ou des burgers labellisés n’en finit pas. Cette course à l’attractivité a été mortifère, et on en voit les effets avec retard, comme il sera long de rééquilibrer vers mieux.

La presqu’île appartient à ces habitant.es autant qu’à tou.tes les Grand.es Lyonnais.es, la concertation qui s’ouvre sera l’occasion pour tout.es de le redire. La presqu’île on l’habite, on y commerce, on s’y promène, on y manifeste, on y flâne, on s’y rencontre, on y fait la fête. Autant d’usages qu’il faut concilier, avec plus de verdure, de cheminements piétons, de traversées maîtrisées, d’accès riverains sécurisés ou de livraisons privilégiées certes mais aussi avec des locaux commerciaux accessibles, du logement abordable pour toutes les classes sociales, grâce à une maîtrise drastique de la spéculation et du logement privé touristique.

Un centre-ville actif, où l’on aime se rendre, où l’on ne craint pas d’aller en famille, mais où la jeunesse a aussi sa place, tout comme les artistes, et où le patrimoine peut être (re-)découvert. Ni un musée à ciel ouvert, ni un parc d’attraction. Peu importe que Lyon soit en retard sur une quelconque piétonisation, un véritable plan de déplacement au-delà des périmètres du réaménagement est nécessaire pour connaître comment tout cela doit s’agencer. La presqu’île ne doit pas être un centre-ville standardisé mais un lieu appropriable par tou.tes.

C’est cet équilibre qui doit être notre objectif, et je souhaite que la concertation qui s’ouvre ne soit que le début du dialogue nécessaire de co-construction avec les Grand.es Lyonnais.es et les habitant.es. Comme mes voisins, c’est l’apaisement que je souhaite pour la presqu’île.

Le groupe Métropole En Commun votera positivement cette délibération.

Groupe Métropole en commun

20 rue du lac

69003 Lyon


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