Propos liminaires
Monsieur le Président, Mesdames messieurs les élus,
Au début de l’été, des révoltes d’une ampleur inédite éclatent dans le pays avec 66 départements concernés contre 25 en 2005, 516 communes contre 200 en 2005. Il n’ y a pas eu uniquement les banlieues mais de nombreux quartiers difficiles dans des villes moyennes qui témoignent de la précarité et de la pauvreté endémique dans tout le pays.
De fait, c’est la mort du jeune Nahel qui a déclenché le mouvement, un jeune mort dans un contexte de refus d’obtempérer et qui doit questionner chacun d’entre nous quant à la doctrine policière dans l’usage de la force.
A distance des événements, deux enjeux peuvent être soulignés pour le pays et notre territoire : d’une part, les inégalités sociales, et d’autre part, les discriminations vécues par les habitants de quartiers populaires.
En premier lieu, ces révoltes ont pour point de départ des quartiers particulièrement défavorisés et qui subissent un sous investissement chronique de la part de l’Etat. Le profil des personnes interpellées est cohérent avec cette première analyse : des hommes, français, de moins de 25 ans, inactifs, sans diplômes, sans antécédents judiciaires. Il y a ainsi un effet social avéré, les zones concernées par les émeutes font partie des plus pauvres de France. Le taux de chômage se situe autour de 26%, entre 30 et 40% chez les jeunes de moins de 25 ans. 21% des enfants qui y vivent ont au moins un an de retard d’apprentissage, 40% de personnes y vivent sous le seuil de pauvreté soit 4 fois plus qu’ailleurs.
Si l’enjeu social est majeur, la géographie des révoltes correspond à une géographie de l’immigration. Le public qui s’est mobilisé lors des révoltes s’est reconnu dans l’histoire du jeune Nahel. Un climat électrique règne dans les quartiers entre les jeunes et la police, faits de vexations ou de contrôles répétés d’un côté, d’ insultes ou de caillassages de l’autre. La difficulté à se fondre dans la communauté nationale est renforcée par l’expérience de la discrimination. Ainsi, une enquête du CNRS de 2009 sur les contrôles d’identité montre que les personnes perçues comme, je cite, « arabe » sont 7 fois plus contrôlées que les personnes identifiées comme « blanches », la probabilité de contrôles des, je cite, « noirs » est 12 fois plus grande. L’actualité de la dernière décennie relatait des faits ponctuels mais révélateurs. C’est dans ce contexte que la haute représentante de l’ONU aux droits humains appelle notre pays à s’attaquer je cite « aux profonds problèmes de racisme au sein des forces de l’ordre ».
Au-delà des constats, quelles actions ?
D’abord, aucune politique publique ne sera efficace et légitime tant qu’on n’affrontera pas le racisme et les discriminations dans ces quartiers.
Deuxièmement, les effets des discriminations que vivent les personnes ne touchent pas que leur lieu de vie mais l’accès à l’emploi ou à la santé, j’en dirais un mot à propos du plan santé de l’ARS.
Enfin, l’État doit prendre ses responsabilités et réinvestir fortement dans ces territoires. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’État investit plus ailleurs que dans les quartiers politique de la ville : les dépenses publiques par habitant sont inférieures dans les QPV, 6100 €/an/habitant contre 6800 pour l’ensemble du pays. Le volet logement et rénovation urbaine ne peut pas en soi régler les difficultés. A nous également, de poursuivre nos politiques publiques et d’insister auprès de l’ensemble des acteurs sur l’importance majeur à réduire les inégalités sociales dans les quartiers populaires. Politiques d’éducation, de culture, de sport, d’insertion notamment doivent être au service d’une population qui ne souhaite qu’une chose : participer de l’idéal républicain.
Je vous remercie.
Groupe Métropole en commun
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