La Métropole de Lyon a signé la Charte d’engagement Villes & Territoires “sans perturbateurs endocriniens” qui nous oblige à favoriser l’information des populations et des professionnels sur l’enjeu des perturbateurs endocriniens.

Merci M. Le Président, chers collègues,

Lors du précédent Conseil, notre groupe politique, Métropole en commun, intervenait à l’occasion d’une délibération sur les conventions cadre des Plans de Prévention des Risques Technologiques (PPRT). C’était un prétexte pour interpeller l’assemblée sur la nécessité de favoriser l’intervention citoyenne, y compris à travers les élus, dans les décisions d’installations sur nos territoires d’industrie à risque. Nous reprochons en effet à l’instance dédiée à ces prises de décision, le CODERST (Conseil Départemental de l’Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques), un fonctionnement de chambre d’enregistrement.

La présente délibération concernant les aménagements de la plateforme Lyon Vallée de la Chimie dans le but de renforcer son potentiel productif, nous sert encore de prétexte pour aborder cette fois-ci au-delà des risques technologiques des entreprises ICPE, les risques sanitaires trop souvent ignorés ou minorés.

Le 12 mai, par la diffusion d’un reportage dans l’émission Envoyé Spécial sur France 2, éclatait au regard de tout le monde un scandale sanitaire touchant les habitants de la Métropole de Lyon. Nous apprenions stupéfaits que la commune de Pierre-Bénite est très fortement polluée aux perfluorés.

Ce sont des substances chimiques artificielles. On en dénombre presque 5000 disponibles sur le marché mondial. Leur caractéristique chimique commune est une liaison Carbone-Fluor, la plus forte en chimie organique, qui donne aux perfluorés une propriété de très grande résistance à la dégradation. On les surnomme “produits chimiques éternels”.

Ils sont présents dans un grand nombre de produits de consommation et applications industrielle du fait de leur résistance à l’eau, aux graisses et aux tâches : imperméabilisant, traitements anti adhésifs, lubrifiants, mousses anti-incendie, câbles électroniques, semi conducteur, textiles, emballage alimentaires, matériaux de construction, dispositifs médicaux, etc. Selon l’Agence Européenne pour l’Environnement (EEA) ces produits ont des effets sanitaires avérés comme l’obésité, les déséquilibres hormonaux, le diabète, des lésions au foie, les cancers du rein et des testicules.

La pollution relevée à Pierre-Bénite montre que le réseau d’eau potable situé en aval du Rhône délivrant 200.000 habitants est très fortement contaminé. Le sol du terrain de sport de Pierre-Bénite est pollué à un niveau 70 fois plus élevé que les doses considérées comme acceptables. De jeunes mères allaitantes ont accepté de faire analyser leur lait et ont découvert qu’il est également très fortement contaminé. Nous devons comprendre les inquiétudes et la colère légitime des habitants qui jusque-là étaient rassurés par des discours lénifiants des industriels comme des autorités nationales. Les Commissions de Suivi de Site (CSS) n’ont manifestement pas joué leur rôle.

Les maladies chroniques dont on observe la forte croissance depuis des années sont pour les 3/4 des maladies en lien avec l’environnement.

Les chiffres de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) donnent une idée de l’épidémie de maladies chroniques qui touchent le pays : en 2018, 35% des assurés au régime général, soit 21 Millions de personnes, les projections pour 2023 sont de 23 millions. Depuis 2012, les cas de maladies cardiovasculaire augmentent de plus de 55%. Pour le diabète l’augmentation est de 52%.

Le Centre International de Recherche sur le Cancer prévoit d’ici 2040 en France, une croissance du nombre de cancer de l’ordre de 24%, et du nombre de décès dus au cancer de 35%.

L’OMS nous alerte sur la progression de l’obésité multiplié par 2 en 25 ans, et prévoit d’ici 15 ans, que 25% de la population française sera affectée par cette maladie.

La santé environnementale n’est donc pas un petit sujet.

L’implantation nécessaire des installations à risques et la relocalisation de la production de biens ne doit pas se faire à son détriment, de mêmes que les arguments de création d’emplois et de recettes fiscales ne doivent pas empêcher des comportements exemplaires de ces industries alors que le coût financier des maladies chroniques dépassent les chiffres d’affaires de pas mal de filières industrielles.

La Métropole de Lyon a signé le 8 décembre 2021 la Charte d’engagement Villes & Territoires “sans perturbateurs endocriniens” ce qui démontre, s’il le fallait, que notre collectivité se préoccupe déjà de la santé environnementale. Et il ne s’agit pas d’une démarche isolée puisque plus de 250 collectivités sont signataires de cette Charte initiée en 2015 par le Réseau Environnement Santé.

La Charte dont nous sommes signataires nous oblige, entre autres choses, à favoriser l’information de la population, des professionnels de santé, des personnels des collectivités territoriales, des professionnels de la petite enfance et des acteurs économiques de l’enjeu des perturbateurs endocriniens.

Nous invitons chacun à se pencher sur cet objectif et à formuler des propositions pour l’atteindre. Nous pensons par exemple que la Métropole pourrait financer la formation de ses élu-es sur le sujet à travers un MOOC qui serait mis dans le domaine public permettant à tous de s’en emparer.

Ce serait certainement une contribution à ce que les Représentants élus et citoyens dans les Comités de Suivi de Site des zones soumises à un PPRT, jouent leur rôle en ne s’arrêtant pas aux mesures de sécurité prévues en cas d’accident, mais en mettant en avant les impacts de l’activité sur l’air, l’eau, les sols sur la santé des travailleurs et des riverains.